Ayant été “dispatchés” sur toutes les scènes, voici donc le compte-rendu de Claire sur sa vision du Hellfest 2015.
Me voilà pour la toute première fois au Hellfest. N’étant pas une grande fan de métal, il m’aura fallu 10 années pour faire le pas. A dire vrai, j’avais quelques aprioris sur cet événement… Un peu peur de pénétrer dans un “Disneyland du métal“, empli de bandes de testostérones chevelus à la place de jolies petites familles et de caricatures de Mickey et Minnie reconverties en Freddy et Regan Legland…
Mais en arrivant avec Yanick, nous découvrons de belles pelouses vertes (je pensais manger du sable), de belles scènes et… du bon son ! L’ambiance générale est très conviviale, “bon enfant” malgré la masse qui s’accumule tout au long de la journée. Et si, effectivement, certains festivaliers se dissimulent sous divers costumes (ou sous rien du tout !), c’est un plaisir de les voir déambuler car nombre d’entre eux sont… surprenants !
C’est sous un soleil de plomb que nous profitons de ces trois journées. Et même si quelques problèmes techniques surgissent de temps à autres (ben oui, ce sont des choses qui arrivent), je suis impressionnée par l’organisation, l’enchaînement incroyable des concerts et la bonne humeur des bénévoles qui participent grandement au Hellfest.
En mode “vadrouille” pendant ces trois jours, nous nous retrouvons régulièrement avec Yanick pour manger, faire le point et partager nos ressentis sur les différents concerts auxquels nous assistons. Retrouvailles aussi avec les potes, habitués du festival et parfois venus de loin, avec qui j’assiste à la plupart des représentations façon “festivalier déchaîné”. Une bonne manière de se mettre dans l’ambiance !
La journée de vendredi fut courte mais pleine de découvertes. Découverte du site, des différentes scènes, de différents acteurs du monde de la zik que Yanick me présente.
Découverte céleste aussi d’un groupe : SAMSARA BLUES EXPERIMENT, un trio allemand qui nous mène tout droit dans un antre psychédélique, un voyage sonore style “blues métallique”. Planant. Pas bourrin et cependant très présent, un réel plaisir. Une formation à suivre ou à découvrir !
Vient ensuite la prestation de MOTORHEAD. Heureuse de retrouver ce groupe culte qui a repris certains de leurs standards. Les fans ont répondus présents. Et même si je n’ai pas été transcendé, je n’ai pas non plus été déçue. Ce fut un sympathique moment musical.
Je dois malheureusement quitter le site assez tôt et ne peux assister, avec regret, au spectacle de SLIPKNOT. Un ami me rapporte le lendemain à leur sujet : “Carré, violent, excellent”. Et c’est un retour qui résume visiblement bien les choses !
Samedi matin, des amis m’entraînent voir les BUTCHER BABIES, un groupe tout droit venu de Californie. Autant dire qu’à 12h00, ça réveille ! Les deux chanteuses, de vraies bombes, envoient grave. Les musiciens, tout autant. Du sexy-métal, un dynamisme furieux et une belle communion avec le public !
J’attendais avec impatience KILLING JOKE. Le show a été à la hauteur de mes attentes : excellent ! Découverte de certains morceaux remixés qui nous ont bien fait bouger et c’était franchement bon ! Un groupe qui se bonifie encore et toujours avec le temps !
Chloé, venue de Pau spécialement pour voir son groupe fétiche, conclue : “C’était super! Killing Joke, au fil des années, est toujours à la hauteur et a largement su tenir la comparaison vis à vis des autres groupes du festival. La qualité était au rendez-vous et les morceaux sont toujours aussi bien joués et interprétés par le très théâtral Jaz Coleman, chanteur habité et possédé par sa musique tel un prédicateur de l’enfer. Un set qui a su balayer toutes les phases musicales du groupe des premiers albums aux derniers. Les créateurs du métal indus ont su prouver qu’ils étaient encore indispensables et sans équivalent en 2015″.
BODY COUNT se produisait en même temps sur la Warzone qui portait merveilleusement son nom à ce moment là ! Difficile voir impossible d’accéder au secteur… Des potes ont réussi à se rapprocher de la scène en rusant. Voici un bref résumé de Vincent : “Body Count était terrible ! Impossible d’accéder à la scène, il a fallu user d’une méthode efficace : slamer par étapes jusqu’à la fosse et là, c’était furieux. Pas de rappel, juste un regard d’Ice T au public et trois gonzesses qui le suivent. Magistral !”.
Vient ensuite FAITH NO MORE. En fan invétérée de Mike Patton, c’est LE groupe que j’attendais (donc un manque certain d’objectivité de ma part…). C’est dans un décor édulcoré, au milieu de fleurs qu’apparaît le quintet tout de blanc vêtu. Le contraste avec la couleur dominante du festival infernal est là mais la fusion musicale du groupe toujours parfaite. Motherfucker donne le ton du concert : une belle énergie vocale et musicale s’émane des morceaux qui se succèdent. Des nouveaux, des plus anciens, des tonalités et des styles qui évoluent du rock au métal, en passant par la soul… Faith No More nous pique, telles des orties dans un champ de fleurs et ces orties là ne finiront pas en soupe (Nb : pour la soupe d’orties, privilégier les jeunes pousses…).
Après le feu d’artifice du groupe, place à celui qui vient célébrer les 10 ans du Hellfest. Splendide ! Les bouquets de lumières colorées nous en mettent plein les yeux! Les virils métalleux retrouvent leur âme d’enfant. Un grand moment de partage où les têtes cessent de remuées pour regarder dans la même direction. On peut dire que les organisateurs ont fait en sorte de nous éblouir, et c’est clairement réussi !
C’est à MARILYN MANSON que revient l’honneur de clôturer cette seconde journée. Personnellement, je n’ai pas été déçue puisque j’ai toujours entendu des critiques désobligeantes à l’égard de ses prestations. Et me concernant, pour ce soir là, c’est confirmé…
Troisième et dernière journée, au cours de laquelle la fatigue commence à se faire ressentir au sein du groupe…! À 13h, je suis les potes les plus “en forme” pour découvrir les RED FANG. Aucun ennui à les écouter. Les quatre musiciens, venus de Portland, nous entraînent dans leur fougue. Ça bouge, ça fait du bon bruit, ça réveille du bon pied ! Non mais ce sont de vrais furieux ces gars-là !
En attendant de rejoindre Yanick, je me pose devant la Valley pour assister au début du concert des RUSSIAN CIRCLES, groupe instrumental que l’on m’avait conseillée. Encore une belle découverte. Alternance entre gros son et douceur, agrémenté d’une pointe de poésie. Les trois américains déploient une belle énergie et nous plongent dans une ambiance métalo-psychédélique.
Au cours de l’après-midi, je retrouve Azia et Damien du groupe Les Modules Étranges pour une interview à l’ombre des arbres (où les places sont chères !). Un plaisir et une fierté de partager un moment ensemble dans les entrailles du Hellfest entourés de toutes ces grandes figures du rock…! L’interview est à découvrir ici.
Je les quitte ensuite pour aller voir CAVALERA CONSPIRACY. Ils envoient du lourd ! Moi qui ai du mal à supporter le gros GROS son, je prends un réel plaisir à les découvrir. Agressif et très bon ! Les quatres américains nous entraînent dans un métal sauvagement maîtrisé. Je disais que les Red Fang étaient des furieux… Y’a quoi au dessus de furieux?!!
C’est ensuite au tour de LIMP BIZKIT. Personnellement, j’ai trouvé ça plutôt mou… Est-ce la transition avec Cavalera Conspiracy qui est douloureuse ou la fatigue qui me gagne ? Je prends les avis autour de moi. Ils sont mitigés : certains kiffent graves, d’autres sont déçus. La reprise des Rage Against The Machine, Killing in the name, ne me porte pas non plus… Bon. A redécouvrir une prochaine fois…
Ah ! KORN ! Retour aux sources pour les californiens qui ressuscitent leur premier album “Korn” onze ans après sa sortie. Le groupe approche les frontières, toujours sur un fil entre violence et fragilité, intransigeance et sensibilité. Des sonorités intempérées : métalliques, entrecoupées de mélodies plus envoûtantes qui annoncent de sombres intempéries. Concert efficace, fougueux, Parfait.
Nous quittons ensuite les grandes scènes pour assister à la fin du concert de SUPERJOINT RITUAL. Complètement barré ! Bestial, sauvage, ça fait mal, mais comme à un maso : bref, c’est super bon ! Plongés dans un son punk frôlant le hardcore, un air de “fin du monde” semble faire écho à la fin du festival.
Mes potes se barrent et en attendant Yanick qui se trouve devant Nightwish, je me pose face au Temple. À ma grande surprise, une cornemuse s’empare du silence. J’avais évité cette scène trois jours durant car le son y était bien trop puissant pour moi et tombe sur IN EXTREMO, un groupe allemand aux consonances métal et médiévales. Du médiétal, je n’en avait encore jamais entendu. La cornemuse apporte un brin de nostalgie pour ce dernier concert. La musique d’In Extremo est touchante, envoûtante.
Voilà. Les festivaliers se dirigent vers la sortie… Le Hellfest est terminé pour cette année. Ces trois jours sont passés très vite ! Une chose est certaine, il n’est pas nécessaire de n’apprécier que le son lourd et bourrin pour prendre son pied au festival. J’y ai fait d’excellentes découvertes, ai apprécié des groupes que j’aurai eu certainement du mal à écouter devant une assiette de pâtes. Le temps passé ne se rattrape pas alors… je signe pour l’année prochaine !
#hellfestreport