Le Solidays, c’est un peu comme un vieil ami qu’on aurait perdu de vue : on ne l’oublie pas, on sait qu’il repassera bientôt dans les parages. On est à l’affût de ses nouvelles, on l’attend. Souvent avec impatience, parfois pour au final le manquer pour motif d’agenda surbooké, amis pas motivés et autres flemmes diverses. Mais si, malgré les embûches, on parvient jusqu’à l’Hippodrome de Longchamp en ce week-end de fin juin, on retrouve cette ambiance qui, d’année en année, a su évoluer sans jamais perdre son âme : les odeurs, les goûts, les sonorités, les sensations… Autant d’éléments qu’on pensait avoir oublié au fil des mois (voire années) et qui se rappellent à nous en quelques secondes dès lors qu’on franchit les barrières et qu’on se retrouve au milieu des stands, des scènes et des chapiteaux.
Jour 1 :
Dès les environs de l’Hippodrome de Longchamp, le doux parfum des Solidays se rappelle à nous. Les festivaliers de tous âges sont en masse dans le métro, trépignant d’impatience. Certains commencent déjà à sympathiser en trinquant (oui, le festivalier est souvent accompagné d’un fidèle compagnon à siroter avec ou sans alcool) et poursuivent même ensemble l’ultime marche d’un demi-kilomètre qui sépare le métro des festivités. Enfin, pas seulement une marche, mais aussi une longue file d’attente qui confirmera aux plus dubitatifs qu’ici, c’est bel et bien complet ! Mais pour les retardataires les plus aventureux, il restera toujours les vendeurs à la sauvette avec leurs billets au prix fort. A vos risques et périls !
Et enfin, on franchit les barrières, retrouvant ainsi cet univers à la fois si lointain et si familier. Il faut dire que si chaque année, les artistes changent, le lieu reste le même. Bien sûr, il évolue un peu, mais on retrouve très vite nos marques. Ici le chapiteau rouge et blanc aux allures de cirque, là les grandes scènes ouvertes digne des plus grands concerts. Et au milieu de tout ça, les stands multiples où on peut manger, boire, se détendre, se cultiver, le tout sous un soleil couchant qui aura trompé les prévisions pluvieuses du jour. Bref, on rappelle à ceux qui en doutait que les Solidays, ce n’est pas seulement de la musique, mais avant tout une ambiance ! Mais on discute, on discute et l’air de rien, il est déjà 21h quand nous pénétrons enfin sur les lieux ce vendredi, et la faim se fait sentir. On se dirige rapidement du côté des stands de restauration et, malgré le plaisir de revoir mon tendre stand éthiopien, c’est l’argentin qui aura mes faveurs ce soir. L’occasion de déguster un sandwich aux travers de porc (bœuf et saucisse argentine pour mes compères) qui tuerait n’importe quel végétarien tant la viande (délicieuse !) déborde abusément du pain tout étant l’une des meilleures que j’ai pu goûter. Comme dirait l’adage, c’est un peu cher (7€ le sandwich, comme dans tous les stands), mais on en a vraiment pour son argent ! Et quelle meilleure façon de manger, sinon face à l’immense scène où se produit Mathieu Chedid, alias -M-.
N’étant pas un grand adepte de l’artiste, j’étais parti pour observer ce concert d’un œil curieux, mais un brin distant. Belle erreur, tant Mathieu Chedid enflamme la scène dans un show enflammé, alternant pur rock et instants plus posés. Les festivaliers sont aux anges et font trembler le sol. Et sans même m’en rendre, je commence moi-même à me déhancher au son de cette musique à laquelle il y a encore quelques temps, je ne me pensais pas réceptif. Et comme pour parachever l’instant, voilà -M- qui descend de scène, guitare à la main, et vient poursuivre son morceau au milieu de la foule. On le devine sur l’écran géant : l’artiste est dans son monde, les vigiles frôlent la crise cardiaque, mais les quelques chanceux près de là sont aux anges. En prime, voilà que l’artiste enchaine en jouant de sa guitare avec la bouche : juste kiffant ! Ca vaudrait presque Rodrigo qui fait la même chose avec une bouteille de bière !
Un détour par la scène Bagatellle pour découvrir Fauve, motivé par mes compagnons de festoche qui en ont eux-mêmes entendu du bien. Le groupe ne manque pas de qualités avec son style « spoken word » et ses sonorités hip-hop plutôt efficaces, mais c’est finalement le Forum Café et le groupe Carbon Airways qui gagneront nos faveurs. Leur style électro survitaminé fait instantanément effet, ensorcelant nos corps. Et qu’importe que votre serviteur soit une véritable bille en danse (et en électro) : la tornade Carbon Airways m’embarque avec tous les amateurs sur son passage. Très vite, c’est ainsi tout le chapiteau qui se retrouve à trembler au rythme de la musique et des jeux de lumière. On en perdrait presque contact avec la réalité tant l’endroit semble migrer vers un monde parallèle durant ce qu’on peut assurément qualifier de concert de folie. Merci Carbon Airways pour ces moments (et pour le regard étonné de mes deux compères après le concert – apparemment, l’électro a vraiment débridé tout mon corps).
Chauffés par l’électro, le concert de Vitalic (dans une heure) nous semble bien lointain. En attendant, c’est logiquement l’électro-rock de Shaka Ponk qui s’impose à nous. Trustant la scène où nous découvrions -M- une heure plus tôt, Shaka Ponk enflamme sans tarder l’immense foule réunie devant la scène. Là aussi, n’étant habituellement pas adepte de leur univers, je dois bien reconnaitre que l’ambiance « concert » change la donne et m’offre un regard presque nouveau sur ce groupe. C’est peut-être là la plus grande qualité des concerts, et en particulier des festivals comme les Solidays : nous faire découvrir certains artistes, mais surtout nous permettre d’en redécouvrir d’autres qu’on pensait connaitre, et nous permettre d’avoir un nouveau regard vis-à-vis d’eux. Une qualité qui rejoint finalement le but-même des Solidays depuis leur création…
Alors que Shaka Ponk poursuit son show, nous lui faisons une petit impolitesse et migrons un peu en avance vers la scène Bagatelle, afin d’être bien placés pour accueillir Vitalic. Mission accomplie, nous sommes ainsi suffisamment proches de la scène pour profiter du show sans devoir compter sur l’écran géant, mais suffisamment écartés des premières loges pour espérer un minimum de place pour bouger (et préserver nos oreilles). Sauf que nous avions sous-estimé le nombre de fans de Vitalic présents pour l’occasion ! Lorsque les premières notes se font entendre, c’est une marée humaine digne d’un Black Friday version US (ou d’un jour de grève RATP, au choix) qui se comprime vers la scène. Impossible de bouger, mais cela ne nous empêchera pas de jouir du show de Vitalic, groupe qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Leur univers électro est transcendé pour l’occasion, tout comme la foule qui se retrouve dans un état second. Et malgré le manque de place, la musique fait son effet sur les festivaliers (votre serviteur inclus) qui ne tiennent plus en place, bondissant littéralement au rythme du groupe. On en est qu’au premier jour, mais avec -M-, on tient assurément là l’un des meilleurs concerts de ce festival !
Encore perchés que nous sommes, nous migrons vers les sets électro (oui, on reste dans le ton) du Green Room. L’ambiance y est sympathique, mais la taille et la configuration des lieux se rapprochent davantage d’un bar-boite. Un peu dommage après une telle déferlante de concerts, mais cela ne gêne pas mes deux compères qui continuent de mettre leurs corps à l’épreuve sur la piste. Pour ma part, je préfère achever cette première soirée sur la magie de Vitalic et privilégier l’excellent programme qui s’annonce demain, et prends donc le chemin de la navette du retour. Il est 3h du matin, bonne nuit Solidays !
Jour 2 :
Réveil à 13h. Un bon repas plus tard, on vérifie le sac pour l’équipement de la journée et on met le nez dehors pour découvrir, ô joie… la pluie. Elle nous avait fait le plaisir de son absence la veille, mais aujourd’hui, nous n’y couperons pas. Mon timing est serré si je veux atteindre Longchamp avant 16h30 pour Cats on Trees, mais il me manque le plus important pour ce jour : un poncho. Un détour chez une enseigne de sport plus tard, je suis enfin équipé et à 16h45 j’arrive enfin sur le festival. L’occasion de constater que malgré la pluie, les festivaliers répondent toujours présents et semblent même plus nombreux que la veille. Je le constate dès mon arrivée à la scène du Dôme, où les festivaliers occupent en masse le moindre centimètre carré abrité de la pluie. Pour le sec, je repasserais, mais grâce à une barrière près de là, je réussis à gagner les quelques centimètres de hauteur qui me permettront de savourer le concert de Cats on Trees sans (trop) compter sur l’écran géant.
Ironiquement, quelques heures plus tôt, le nom de ce groupe m’était peu familier. Ce n’est que dans un élan de curiosité avant mon départ (merci Youtube) que j’ai enfin pu mettre leur nom sur une chanson qui me revenait régulièrement en tête : Sirens Calls. Inutile de dire qu’avec cette information en poche, j’attendais beaucoup de ce concert. Et malgré mon quart d’heure de retard, je n’ai pas été déçu. Composé des français Nina (voix et piano) et Yohan (percussions), Cats on Trees réussit le tour de force d’être aussi touchant qu’entrainant. Une sensation difficile à décrire, mais qui pourrait se résumer par son effet : l’étonnant mélange d’une envie de danser et du souhait de se laisser bercer par la voix de Nina. Nina qui, d’ailleurs, ne manque pas d’humour pendant ce concert, n’hésitant pas à demander si il y a des festivaliers nés dans les années 80 sous le Dôme (réponse : oui, un sacré paquet, dont votre serviteur) avant d’enchainer par un « ah ouais, il y a beaucoup de vieux ». Une pique amusante, immédiatement pardonnée (si jamais il y en avait besoin) par une superbe reprise de Mad World. Magique, tout simplement. Autant que le dernier morceau de ce concert, le fameux Sirens Calls qui ensorcèle immédiatement les corps. L’occasion de constater le fossé qui sépare la déjà excellente version CD de cette version live, simplement magique… Voilà donc un excellent concert qui finit d’annoncer une journée humide, mais néanmoins très prometteuse.
Une petite pause repas plus tard, au cours de laquelle on aura pu savourer une assiette de Curry Massaman en écoutant le spectacle musical Madiba, c’est Deluxe qui obtient nos faveurs pour la suite. Se décrivant comme un mélange de Hip-hop, jazz et funk, le groupe avait de quoi intriguer sur le papier. En pratique, c’est un show fichtrement entrainant qui nous attend. Même la pluie qui s’intensifie (Poncho saved my life !) ne saurait entamer l’énergie communicative du groupe, à tel point que les festivaliers ne tardent pas à se laisser gagner par le rythme et à faire chauffer le déhanché. Et des centaines de festivaliers qui se déhanchent en ponchos informes de toutes les couleurs, autant vous dire que ça vaut son pesant de cacahuètes ! Malheureusement, nous devons faire faux bond au final de Deluxe pour nous rapprocher de la scène Paris, où les fans ont commencé à prendre place pour attendre le gros morceau de ce début de soirée : Rodrigo y Gabriela !
Votre serviteur ayant déjà découvert le duo en concert au Zénith un mois plus tôt, je prends donc le parti de le faire découvrir à mes deux compères, novices en la matière. Placés parmi les premiers rangs (j’étais malheureusement assez loin au Zénith), nous attendons donc sous la pluie pendant des minutes qui semblent interminables. Puis le duo entre en scène et entame son show devant une foule littéralement en délire, où se mêlent très vite les slams et les batailles de foin (le sol en est tapissé), le tout dans une atmosphère bon enfant. « Bon enfant » est d’ailleurs un très bon qualificatif pour ce concert où le duo semble constamment être là pour s’amuser avant tout. Gabriela a toujours autant des airs de pile électrique montée sur ressorts tandis que Rodrigo joue toujours autant les rockstars, alternant les poses iconiques et autres exercices de style. Le guitariste nous gratifiera même une nouvelle fois de sa reprise de Creep de Radiohead ainsi que de son jeu consistant à remplacer ses doigts par une bouteille de bière. En prime, on saluera les réglages impeccables du matériel de la scène, la musique ne versant jamais dans le « trop » que ce soit en termes de basses ou de volume exagérés (même mon compère habitués aux bouchons aura très vite mis ses tympans à nus pour mieux profiter la performance). L’heure s’écoule vite, trop vite. Mais l’un des avantages d’être près de la scène est de pouvoir deviner la suite du programme. Ainsi, inutile de vous décrire cette douce sensation lorsque votre serviteur parvient à lire ce mot magique sur les lèvres de Rodrigo lors du final : « Tamacun ». Une vraie étincelle qui parcourt le corps et qui se termine en feu d’artifice lorsque les premières notes de la chanson résonnent dans les haut-parleurs. Et mes voisins de concert qui profitent de la chanson pour lancer une ultime déferlante de slams parmi les festivaliers proches d’eux. Ni une, ni deux, je saute sur l’occasion et m’embarque à mon tour pour ce qui est, je crois, mon premier slam : un pur instant où la sensation de voler sans aucun contrôle se mêle à l’émotion indescriptible d’un live de Tamacun pour accoucher de ce qui sera sans doute un de mes plus intenses moments musicaux. Merci Rodrigo, merci Gabriela, merci les Solidays !
Encore sur mon petit nuage, je me fais embarquer par mes deux compères vers Danakil. L’occasion d’un moment posé sur fond de reggae, avant de migrer vers le saint-graal par ce temps de pluie : le thé chaud, qui nous revigore pour la suite des événements. Mes compagnons souhaitent migrer vers The Parov Stelar Band (j’en aurais plus tard un excellent retour), mais pour ma part, je voudrais découvrir le Silent Disco. Nous nous séparons donc et je me dirige vers le Forum Café où m’attend le Silent Disco, une expérience à base de deux Dj et de casques audio avec lesquels les festivaliers choisissent le DJ qu’ils souhaitent écouter. Si sur le papier, le concept est déjà intriguant, c’est encore mieux en pratique. Imaginez une piste de danse où tout le monde porte un casque et où vous dansez au milieu de la foule sans savoir si vos voisins écoutent la même chose que vous. Ceci combiné à l’expérience de retirer brièvement le casque et de voir tous vos voisins danser en silence en fait un passage obligé pour tous les amateurs d’idées décalées. Et puis, pouvoir alterner d’un simple bouton Pomme d’Api et un remix de Nirvana, ça n’a pas de prix !
Mon casque rendu à l’entrée, je rejoins mes acolytes près de la scène de Gesaffelstein. Pour un novice de l’électro comme moi, le choc est là : le DJ tranche radicalement avec ce que je connais en la matière, créant ce qui est vraiment un monde à lui, obscur et presque angoissant. En temps normal, je n’y aurais pas été réceptif, mais dans cette ambiance de festival, il ne me faut que quelques secondes pour remuer mon corps au milieu de la foule. L’effet Solidays, en quelque sorte !
Puis vient l’heure du « big concert » de ce soir, celui qui aura sans doute justifié à lui seul l’achat d’un billet nocturne ce soir : Franz Ferdinand ! Sauf que les organisateurs veulent profiter de l’instant (et de la foule) pour rendre leur hommage habituels à l’équipe des Solidays, et de saluer une édition 2014 qui aura encore battu des records. Et quoi de mieux pour booster les troupes que balancer du I Will Survive à fond dans les haut-parleurs ? Alors oui, c’est kitsch, mais on s’en moque : ça fonctionne du tonnerre et ça met littéralement le feu à la foule ! Une bonne manière de chauffer tout le monde pour le concert de Franz Ferdinand qui commence illico. Que dire, sinon que le show est à la hauteur des attentes, alternant les morceaux anciens (Take Me Out…) et ceux de leur nouvel album avec une énergie qui fait de ce concert l’un des meilleurs de cette édition. D’ailleurs, au 2e jour, on peut déjà dire qu’on tient là une excellente édition du festival !
Jour 3 :
Le lendemain à notre arrivée à 17h, il faut immédiatement trancher entre trois concerts et c’est finalement FFF qui obtient nos faveurs (aucun de nous ne connait, mais les ouï-dire sont motivants). Et que dire, sinon que la surprise est de taille tant le groupe de la Fédération Française de Fonck nous met une claque sévère ! Mené par un chanteur en kilt totalement azimuté (sans compter le guitariste en liquette), FFF nous amène littéralement le soleil et enchaine les morceaux entrainants avec un talent fou tout en n’hésitant pas à mettre les festivaliers à contribution. Et autant vous le dire, entamer la journée en voyant toute une foule s’agenouiller face à la scène pour mieux bondir illico, ou voir le chanteur entamer un slam avec le public pour partager avec lui les « joies » d’une averse passagère tout en continuant de chanter, ça motive les troupes pour la journée. FFF, assurément l’un de nos coups de cœur de cette édition !
La prochaine heure sera l’occasion d’une pause repas, cette fois dédiée à la Corse (un sandwich au Figatelli plutôt sympathique, en tout cas bien plus que le vague américain du snack voisin, mais à des lieues de notre argentin de vendredi). Puis on fait faux bond à Vanessa Paradis pour aller découvrir Christine & The Queens. Un mélange d’électro/pop sur le papier pour un résultat plus pop qu’électro en pratique, ce qui n’est pas désagréable, au contraire. Si l’ensemble évoquera parfois certaines chansons pour adolescentes (la moyenne d’âge sous le chapiteau va dans ce sens), force est d’avouer que la recette fonctionne plutôt bien et on se laisse facilement envouter.
On enchaine avec le groupe (masculin) des Girls in Hawaii, groupe de pop belge très entrainant et à l’énergie communicative. Si leurs chansons remporteront facilement les suffrages, leur concert aura également marqué par son mélange, entre une ambiance lumineuse poétique (les lueurs du soleil s’immisçant à travers la fumée) et un chanteur monté sur ressort. Sans compter le téléphone transformé en micro pour l’occasion. Bref, un excellent moment !
Votre serviteur aura été contraint de refaire une pause pendant la prochaine heure, la faute à des pieds qui commencent à accuser le coup après trois jours de festival et que je préfère préserver pour la dernière ligne droite de la soirée : le concert de Woodkid. Cette pause sous une tente saharienne ne m’aura néanmoins pas empêché d’apprécier les sonorités entrainantes du concert de Metronomy, non loin de là. Une fois requinqué par cette pause (et par un dernier thé à la menthe), direction la scène Bagatelle pour ce qui est sans doute le dernier « gros » concert de ce festival : Woodkid.
Ayant découvert (et été conquis par) l’artiste assez récemment, j’attendais beaucoup de ce concert tout en ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre tant son univers est singulier. Et c’est finalement ce mot, « singulier », qui caractériserait le mieux l’expérience de ce concert. S’ouvrant sur un orchestre de vents, de cordes et de percussions, des compositions graphiques 3D projetées en arrière-plan, Woodkid hypnotise dès les premières notes, plantant l’ambiance en douceur. Une ambiance à la fois sombre et contemplative, dans laquelle on se laisse embarquer avec délectation… avant de se déchainer dès les premières notes de « I Love You » ! Et la suite du concert de prendre des allures de montagnes russes, alternant les lentes montées et les folles descentes avec une passion communicative. Et que dire de ce rappel où Woodkid demande à la foule de chanter en chœur ? Juste grisant ! Mais pas autant que cet instant magique où la musique et le chant s’arrêtent pour de bon, mais où les festivaliers refusent d’arrêter de chanter, et finissent par obtenir une prolongation inespérée de la part de l’artiste qui relance immédiatement l’orchestre pour un adieu en grandes pompes ! Une seule chose à dire : « Ho-Ho-Hooooooo » !
Encore la tête dans les étoiles, nous nous en retournons vers le centre de l’hippodrome, où se produit le dernier concert des festivités : Skip The Use. Et il ne nous faut guère plus de quelques secondes pour se laisser entrainer dans une dernière heure de folle danse au rythme du groupe de rock lillois qui offre aux Solidays un concert de clôture absolument monumental, bien aidé par une foule décidée à se lâcher pour les derniers instants de cette édition 2014. On accordera même une mention à tout ce beau monde (le groupe et la foule) pour avoir donné corps au dernier « grand » moment de ce festival : la création d’une vraie marée humaine se déplaçant comme un seul homme au rythme du chanteur !
Puis vient l’heure de faire nos adieux aux Solidays, et c’est la tête encore pleine de magie que nous en retournons vers le métro, chantant à tue-tête avec d’autres festivaliers au rythme lointain de « I Will Survive » qui marque la fin des festivités pour les derniers irréductibles. Le trajet du retour sera éprouvant (surtout pour les pieds), mais la magie des Solidays nous accompagne sur le chemin tout en faisant germer ces quelques mots dans notre tête :
A l’année prochaine !