Gnaw Bone est un groupe tout droit sorti du fin fond de l’Indiana officiant dans un genre mêlant Sludge, Black Metal mais également musiques expérimentales.
Musiquealliance a l’honneur de vous présenter cette interview avec deux membres du groupe à l’occasion de la sortie de leur second EP “Scorched Earth”
Une interview menée par Quentin Tarantino :
Bonjour ! Votre nouvel Ep, « Scorched Earth » est sorti le 18 janvier 2018. Il sonne plus crasseux et nauséeux que jamais. Y a-t-il une raison particulière pour passer de votre première démo criarde au brouillard monolithique qu’est « Scorched Earth » ?
B : Au commencement de Gnaw Bone ( notre premier EP ) ; j’étais le guitariste, j’ai travaillé de manière ardue pour construire des choses qui soient crues et brutes. J’ai utilisé énormément d’amplis et de pédales d’effets pour créer autant de sonorités que possible, mais cela restait très Hi-Fi. Quand le batteur A a quitté le groupe en 2016, j’ai appris comment jouer de la batterie et j’ai demandé à une ami guitariste S de rejoindre le groupe. Son style était lourd en amplis et il avait une tonne de pédales d’effets, mais son son était beaucoup plus dissonant et plein de distortions organiques. Tout cela couplé au fait que je n’étais pas un bon batteur, a donné un changement de style entre les albums, nous faisant entrer dans un univers plus cru, dégoûtant et noirci.
Le morceau « The End » a quelques atmosphères sinistres qui me rappellent Urfaust et Primitive Man. L’ambiance, l’atmosphère est beaucoup plus tangible que par le passé. Pourquoi avez-vous pris ce virage sur l’EP. ?
S: Quand B et moi avons commencé à écrire ensemble pour la première fois, nous n’avions aucune idée d’où cela nous ménerait. Nous faisions en sorte de poser notre matériel face à face et disions « Okay let’s go ! », ce qui en sortait en devenait nos chansons. Ce n’était pas des mois d’élaboration et des retours incessants sur nos compositions. Nous tentions littéralement de capturer un moment dans le temps. Tout est venu assez naturellement, et nous avons pu avancer comme nous le voulions. Après avoir entendu les premiers enregistrements B et moi nous sommes dis « Qu’est ce qui pourrait bien sonner pareil ? ». Sur ce point , j’en suis sûr aucune des futures productions de Gnaw Bone ne sonnera comme cet EP.
B : Comme mentionné, S a écrit toutes les parties guitares sur cet EP, et tout a été composé de manière très organique dans notre salle de répétition.
Entre les morceaux, nous voulions garder un sens, la construction d’une tension nous attachant à une entité commune c’est l’idée de « Scorched Earth ». S a créé quelques boucles mornes comme transitions pour simuler une sonorité ambiante d’un monde détruit.
Lorsque nous écoutons les voix sur l’EP, il est possible de penser à d’autres groupes comme Revenge ou Anaal Nathraakh. Quelles sont vos principales influences dans le genre ?
S: J’ai été introduit au genre avec beaucoup de groupes de Death Metal. J’ai grandi avec certains vieux amis/groupes que j’aimerai toujours pour leur lourdeur et leur style guttural comme Cannibal Corpse ou Autopsy. Je n’ai jamais vraiment fait ce genre de voix pour un groupe donc quand B et moi parlions du fait que chacun allait devoir chanter, j’ai pensé « welp, I guess let’s give it a shot » haha !
B : Je suis l’exact opposé de S, haha ! J’ai toujours aimé les voix sur-pitchées, les voix perçantes Black Metal et Grindcore. Ce sont les genres que je préfère. Je n’étais pas sûr de pouvoir faire des voix en jouant de la batterie, c’est pourquoi R a été ajouté au groupe à la base. Cependant nous avons tous un style de chant différent, nous avons donc décidé que chaque membre devait être vocaliste.
De manière plus générale, quelles ont été vos influences pour construire Gnaw Bone ?
B : J’ai commencé Gnaw Bone avec le batteur A en novembre 2015pour créer du sludgy metal primitif. Lorsque nous avons écrit les premiers morceaux étant devenu notre EP éponyme, et particulièrement par la suite, nous devenions avec le nom Gnaw Bone, une formation esthétique autour de l’idée d’un son monolithique, à l’aube de l’humanité, de la pré-histoire et autres concepts à la fois lourds et primal.
En tant que groupe, les membres et le genre continuera d’évoluer dans Gnaw Bone. Néanmoins, les influences et propositions seront toujours les mêmes.
Où le nouvel EP a-t-il été enregistré ? Quelles ont été les conditions d’enregistrement ?
B: Nous avons enregistré « Scorched Earth » nous-mêmes à Artifex Guild, qui était aussi notre local de répétition. Nous avons enregistré les parties batterie et guitare live en prise simple dans une salle ouverte utilisant de manière aléatoire des micros et câbles que nous avions collectés au fur et à mesure des années. Après ça, nous avons ajouté la basse et le chant, puis mixé l’album nous-même.
Pour le master final, nous avons employé James Plotkin, qui avait travaillé sur notre premier EP et des tonnes d’autres albums incroyables.
La pochette de « Scorched Earth » est vraiment fascinante. D’où vient l’idée ? Qui en est le créateur ?
L’aspect visuel du groupe est-il important pour vous ?
B : Je conçois toute l’indentité visuelle de Gnaw Bone sur tous les supports en partant du merch jusqu’au site en passant par les pochettes d’albums mais également les posters. La pochette de « Scorched Earth » est un arrêt sur image d’un stock de films détériorés qui ont été édités puis détruits. Je voulais quelque chose d’organique reposant sur des textures, quelque chose de détérioré que cela soit une image ou un objet, cela signifiait la simulation d’une esthétique brûlée. L’aspect visuel du groupe est important pour nous car cela aide à établir les sentiments que nous essayons de convier dans notre musique.
Vous êtes l’une des premières sortie de 2018. Avez-vous un top album pour l’année 2017 ?
S: Le nouveau Spectral Voice est largement un de mes albums préférés de l’année passée. C’est si lourd et répugnant, j’aime vraiment chaque seconde.
« Caustic » de Primitive Man était également très réussi !
B: L’album « Stabat Mater » de Ariadne a bien rempli mes oreilles pour des mois entiers. « Tirades in a Mental Arcade » de Hot Nerd était intelligent et impressionant également.
Le nouveau LP de Memnon Sa « Lemurian Dawn » est un des trucs les plus cools que j’ai entendu depuis longtemps.
Puis ce n’est pas sorti en 2017 mais j’ai probablement écouté « Hole Below » de Vastum plus que tout le reste l’an dernier.
Quel est le sujet de vos paroles ?
B : Beaucoup de nos paroles abordent des concepts construits autour d’une « Scorched Earth » ( terre écorchée ) ou de l’apocalypse en quelques sortes, décrivant des paysages détruits, des villes en ruine et une végétation morte.
Quelques morceaux sont plus directs, comme « Crown Lust » qui parle de la récolte des dents du peuple, ou encore « Fallen Rulers », qui est un morceau sur la mise en parallèle des dinosaures et des humains, selon l’idée qu’un jour notre extinction sonnera. Chaque morceau a sa propre histoire, mais ils sont tous rattachés en quelque sorte pour la défense d’une idée commune.
Quelles sont les croyances défendues par Gnaw Bone ? Dieu, Satan, Nietzsche, le nihilisme, la crasse ?!
Quel est le cœur de Gnaw Bone ?
B: Gnaw Bone en tant que groupe mène un culte envers le cannibalisme et les amplis. Personellement, je ne tiens rien pour sacré.
S: J’imagine quelque chose de nihiliste, probablement autant que n’importe qui. La mort est une part importante du cycle, jouer de la musique nous sert à se rappeler constamment que nous ne sommes pas immortels et que nous connaîtrons tous un jour notre fin. C’est sinistre pour beaucoup de personnes mais c’est mieux de l’utiliser en tant qu’inspiration pour vivre ta vie de manière complète et de ne rien prendre pour éternel. Je crois aussi que l’état de l’Ohio doit aller en enfer (hormis pour une extrême minorité.)
Êtes-vous en train d’organiser une tournée ou quelques concerts pour promouvoir ce second EP ? Quand pourrons-nous vous voir écraser le continent Européen ?
Êtes-vous en train de travailler sur quelque chose de nouveau, peut-être un premier album ?
B: Nous avons eu une petite tournée pour la sortie de « Scorched Earth » mais notre bassiste R partant pour la Nouvelle-Zélande à la fin du mois de Janvier, aucune tournée à long terme ne peut être organisée pour le moment. Nous jouerons encore, mais rien pour l’Europe pour le moment… A moins que quelqu’un nous le propose ! 🙂
Nous ne travaillons sur rien pour l’instant mais cela ne saurait tarder. Aucun premier album à l’horizon. Gnaw Bone enregistrera toujours des EP afin de garder une musique continuellement inspirée, nouvelle et ne jamais stagner sur des morceaux pendant une éternité.
Si vous deviez choisir quatre groupes pour une tournée américaine, qui choisiriez-vous ?
S: Oof, c’est un choix très difficile ! Je ne sais pas, il y a tellement de bons groupes qu’il est difficile de choisir.
Probablement des groupes comme Portal, Primitive Man, Boris ou Autopsy.
B: Converge, Wolves in the Throne Room, Vastum et peut-être William Basinski. Son travail est intemporel. Je pourrai l’écouter tous les soirs.
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The English version of the interview :
Hello ! Your new EP , Scorched Earth was released on the 18TH of january 2018. It sounds more grimy and nauseating than ever! Is there a particular reason to pass from your garish first demo to the monolithic fog which is Scorched Earth ?
B: In the beginning of GNAW BONE (the original “Self-titled” EP), I was the guitarist, and I have a hard time making things that are “raw” or unpolished. I used a lot of amps and effect pedals to create as many tones as possible, but they were still very hi-fi. When the drummer A left the band in 2016, I learned how to play drums for the first time ever and asked a guitarist friend S to join. His style was still loud amps and a ton of effect pedals, but his sounds were much more dissonant and distortion-soaked. That, coupled with the fact that I wasn’t a good drummer, resulted in the style changing between albums into a more raw, filthy, blackened sound.
The track « The end » has some creepy atmospheres which reminds me Urfaust and Primitive Man. The atmosphere is more palpable than in the past. Why do you have taken this turn on the EP?
S: When B and I starting writing together for the first time, we had nothing set as far as where it would go. We kind of just set up our gear face to face and went “okay lets go!” and out came what became these songs. It wasn’t months of us drafting and going back to move stuff around or change this and that. It was literally us capturing a moment in time. It all came pretty natural which is how we both wanted this to flow. I definitely listened to previous Gnaw Bone recordings before B and I got together and thought “What if it doesn’t sound the same?” but that’s the point as I’m sure anything else Gnaw Bone writes in the future will sound nothing like this EP.
B: As mentioned, S wrote all of the guitar parts on this EP, and everything was composed very organically in the practice space. Between tracks we wanted to keep a sense of building tension while also tying into the “Scorched Earth” idea, so S created some dreary loops as transitions to simulate ambient sounds in a destroyed world.
When we listen the voice on the EP we might think about some bands as Revenge or Anaal Nathraakh. What are your main influences in the genre?
S: I got introduced to a lot of death metal bands growing up from some older friends/bandmates and forever loved that low, guttural style of vocals from bands like Cannibal Corpse and Autopsy. Never really did those types of vocals for a band so when B and I talked about everyone doing vocals I thought “welp, I guess let’s give it a shot” haha.
B: I’m the exact opposite of S, haha. I always loved the high-pitched, shrill vocals of black metal and grindcore, so that’s the style I prefer to do myself. I wasn’t sure I’d be able to do vocals while playing drums, which is why R was added to the band originally, but we each had such distinctly different styles that we decided every member should be a vocalist.
Broadly what were your influences to build Gnaw Bone?
B: I started Gnaw Bone with the drummer A in November of 2015 to create sludgy metal that felt primitive. As we wrote the material that became the Self-titled release, and especially after we came up with the name Gnaw Bone, an aesthetic formed around the idea of monolithic sounds, early humanity, pre-history, and other heavy, primal concepts. As a band, the members & style will continue to change in Gnaw Bone over time, but the influences and purpose will always remain the same.
Where the new record was rehearsal and what were the conditions?
B: We recorded “Scorched Earth” by ourselves at the Artifex Guild, which was also our practice space. We captured the drums and guitar live in a single take in an open room using the random microphones and cables that we’ve collected over the years. Afterwards, we added the bass guitar and vocals, and mixed the album ourselves. For the final master, we employed James Plotkin, who worked on our debut EP as well as tons of amazing albums for countless other bands. The cover art of ‘Scorched Earth’ looks awesome.
Where the idea comes from? Who is the artist? How important is the visual aspect of the band for you? Cause it’s a really impressive work.
B: I design all of the Gnaw Bone’s artwork across all mediums, from merch and the website to cover art and posters. The cover of “Scorched Earth” is a still frame from deteriorated film stock that was further edited and destroyed. I wanted the art to be textural and decayed instead of an image or objects, and its meant to simulate a burned aesthetic. The visual aspect of the band is important to us because it helps establish the feelings we’re trying to convey in the music.
You’re one of the first records of 2018! But do you have some top albums in the past year?!
S: The new Spectral Voice album is hands down one of my favorites in the past year. It’s so heavy and disgusting, I love every second. “Caustic” from Primitive Man also up there.
B: ARIADNE’s “Stabat Mater” has been filling my ears for months. HOT NERD’s “Tirades in a Mental Arcade” was spastic and awesome.
MEMNON SA’s new LP “Lemurian Dawn” is one of the coolest things I’ve heard in a long time. And this didn’t come out in 2017, but I probably listened to VASTUM’s “Hole Below” more than anything last year.
What are the topics you talk about in your lyrics?
B: Most of the lyrics discuss concepts built around a “scorched earth” or apocalypse in some way, describing destroyed landscapes, crumbled cities, and dead plants. Some tracks are more direct, like “Crown Lust,” which is about harvesting people’s teeth, and “Fallen Rulers,” a track about dinosaurs and the idea of humans also one day becoming extinct. Each track is its own story, but they’re all tied together in some way.
What are the believes of Gnaw Bone? God, Satan, forest, Nietzsche, Nihilism, Scum! What is the heart of Gnaw Bone!?
B: Gnaw Bone as a band worships cannibalism and amplifiers. Personally, I hold nothing sacred.
S: I guess somewhat nihilism, probably just about as much as anyone else though. Death is an important part of the cycle, playing music about it just serves as a constant reminder that we’re not invincible and will all meet our end eventually. Grim to a lot of people but best to use it as inspiration to live your life to its fullest and take nothing for granted. I also believe the state of Ohio can go to hell (minus a few people).
Are you planning a tour or some gigs to support this EP? When can we see you smash the European continent?! Are you already working to a new one, maybe a full album?
B: We had a tiny micro-tour around the release of “Scorched Earth,” but due to our bassist R moving to New Zealand at the end of January, any long-term tour plans are on hold at the moment. We’ll still be playing out, but nothing in Europe any time soon. Unless someone offers. 🙂 Not currently writing new material, but that will start soon. No full lengths though. Gnaw Bone will always release EPs to keep the music fresh and never stagnate on one set of songs for too long.
If you had to choose 4 bands to tour across the US/Canada, who will you choose?!
S: Oof, that’s a tough one! I don’t even know, there are too many good bands out there to choose. Probably like Portal, Primitive Man, Boris, or Autopsy.
B: Converge, Wolves in the Throne Room, Vastum, and perhaps William Basinski. His work is timeless and I could listen to it every night.