Clystone est un groupe français officiant sur la scène Stoner/Sludge.
Musiquealliance a l’honneur de vous présenter cette interview avec l’intégralité des membres du groupe à l’occasion de la sortie de leur premier album « II ».
Une interview menée par Quentin Tarantino :
Bonjour Clystone, tout d’abord je voulais vous demander d’où vient votre nom , quel est le sens de ce dernier?
Clystone : Il n’y a pas vraiment de sens à Clystone. Ça relève de la sonorité, c’est un faux mythe que l’on a construit.
Votre Artwork est vraiment fantastique et ne se rattache à aucune mythologie connue sur la scène stoner/sludge ! Comment en avez-vous eu l’idée ? Qui en est à l’origine ?
Julien (Guitare/ Chant) : C’est un très bon ami à moi, Louis Hyerlé, qui a travaillé sur toute la communication visuelle.
Il a pensé ce qui est devenu notre artwork durant ses études en école d’architecture. A l’origine, il s’agissait d’un imposant dessin à l’encre de Chine.
On aimait bien la thématique de l’arbre et tout ce qui peut s’y rapporter. D’ailleurs notre première pochette avant d’opter pour celle de Louis représentait un arbre.On peut d’ailleurs trouver cette première pochette à l’intérieur de la pochette de l’album II.
On a pu découvrir il y a quelques semaines votre morceau InTheCarSimone avec un premier clip. D’où est venue l’idée de ce clip ?
On ressent la musique tel un monolithe à mi-chemin entre mysticisme et ésotérisme. Le rite est présent.
Clément (basse / chant): Ce n’était pas forcément l’effet recherché ! Ça fait sens néanmoins quand on y pense.
Pour le clip, on a appelé des potes. On voulait une espèce de rendu live. Il fallait que cela soit le plus rempli possible. Il n’y avait pas de clin d’œil, pas de scénarisation.
Julien : Louis a beaucoup apporté dans la réalisation de ce clip. A la base, nous voulions seulement placer une caméra au plafond et laisser tourner durant la captation live. Mais il a eu toutes ces idées, tous ces plans qui ont fait ce qu’est aujourd’hui notre clip. L’idée de base était la prise de son live.
Mika (Batterie) : Ce n’est d’ailleurs pas le son que vous entendrez sur l’album, il s’agit d’un enregistrement live exclusif. On aime ce côté un peu roots.
On voulait avant tout ressentir, capter une énergie, capter l’ambiance de notre salle.
C’est un lieu important pour nous, On y compose, on y répète, on y enregistre ! On voulait porter cet endroit dans notre histoire.
Clément : On voulait avant tout montrer notre vision, notre cheminement. L’utilité de ce clip est surtout dans un cadre promotionnel. Il n’y avait pas nécessairement de quête artistique. On voulait faire quelque chose de vrai, d’honnête.
A première vue, le nom des titres est relativement inattendu, décalé. Néanmoins, y-a-t-il une ligne directrice ? De quoi parlent vos morceaux ?
Quelle est la croyance défendue ? Dieu, Satan, le bong céleste ou bien même la fuzz ?
Julien : Je pense qu’il faudrait parler des titres et des chansons de manière séparée.
Clément : Le titre ne fait pas le morceau. Aujourd’hui il y a un phénomène, où les gens écoutent les morceaux sans regarder les titres de ces derniers.
A l’inverse quand tu vois un titre comme les nôtres tu ne peux que t’en souvenir. Chaque titre a une vie, chaque titre a sa puissance qui lui est propre.
Julien : Les titres viennent de nos phases de composition. Ils reposent chacun sur les délires du moment. Il n’y a pas de prise de tête. Le délire est directement injecté dans le morceau.
Mika : On veut faire transparaître notre plaisir, notre joie de jouer ensemble. C’est vraiment important pour nous. Les titres nous ramènent directement à des souvenirs importants pour Clystone.
« Bûche » est la moins liée à nos délires. Par contre avec des titres comme InTheCarSimone, on sait tout de suite où on va !
Julien : D’ailleurs, nos titres nous ont ouverts quelques portes !
Clément : C’est vrai ! Nous avons pu participer à un tremplin organisé par la MJC Picaud que nous avons remporté. Cette victoire nous a permis de pouvoir enregistrer de manière plus confortable ce premier album.
Nous n’avions aucune idée de titres pour nos chansons lorsque nous les avons envoyés alors nous les avons nommées « Bûche », « Parpaing », « Poutre ». Ça a d’ailleurs marqué le comité de sélections de tels noms.
Venons en à vos paroles ! De quoi traitent-elles ?!
Clément : Au niveau du thème de l’album, il y a vraiment une idéologie, un engagement. Nous tentons de donner un signal de détresse. C’est un véritable cri de désespoir. L’humanité et le monde s’effondrent.
« Bûche » raconte la traversée d’un homme qui perçoit les décombres du monde, qui les traversent. Une véritable dystopie du monde.
« Dalibaba », quant à elle, est une prise de vue extérieure, une idée de regard divin. Le bilan d’une divinité sur ses sujets.
Julien : « Poutrasse à Carpentras » est la plus isolée mais est pourtant la plus centrale. C’est l’image d’un personnage dans un monde urbanisé à l’extrême, se trouvant face à l’oppression de la société dans laquelle il vit. Le morceau lance le message de tout abandonner, tout ce qui peut le rattacher à la société. Relâche tout ! Drogue toi ! Fume un pète ! Abandonne….
On peut y voir de nombreuses fins alternatives, tout comme dans la vie de manière plus générale.
Par opposition aux titres qui sont décalés, on avait cette volonté de dire quelque chose. C’était important pour nous d’avoir des paroles porteuses de sens. On a d’ailleurs mis les paroles dans notre album. On voulait transmettre nos idées.
Le fait de comprendre permet de mieux être en adéquation avec l’album.
Mika : On est un groupe semi-instrumental ! Il y a très peu de paroles. Néanmoins ces dernières sont très importantes ! Les paroles ne sont pas là pour meubler. Elles sont porteuses de sens ! Elles signifient, elles ne sont pas là pour faire joli.
Clément : Nous avons également JB, parolier, qui a été très important dans le processus d’écriture de ces lignes. Elles en deviennent presque de la poésie. Grâce à JB, on parvient vraiment à faire passer le message en dépassant notre bagage langagier et culturel.
Nous avons la volonté de proposer de la richesse dans nos créations.
Comment êtes-vous passés de votre travail d’écriture à la mise en place des paroles dans les morceaux ?
Clément : Nous travaillons avant tout sur les sonorités pouvant se ramener à nos compositions. L’instru est composée bien avant les paroles ou le chant. Une fois l’instru posée, à ce moment on établit une mélodie de chant.
Une fois établie, les mots vont guider ce que l’on va écrire. Des mots vont venir de manière progressive. Il y a une véritable étude des sonorités et des rythmes en fonction des sonorités fermées ou ouvertes.
Dans les premières notes du morceau « Bûche », je ne peux cesser de penser à Sleep. Cette structure avec annonce de riff à la guitare puis reprise par l’ensemble du groupe !
Quelles ont été vos influences ?
Julien : En aucun cas nous n’avons été inspirés par Sleep. Cependant maintenant que tu en parles, il est vrai que cela pourrait faire sens.
Clément : Le groupe qui nous influence le plus je pense qu’il s’agirait de Monolord.
Mika : Pour les ambiances, je dirai Greenleaf, Sungrazer et Snail ont été aussi de véritables influences. Ce que l’on recherche c’est cette image d’un truc qu’on va prendre dans la gueule !
Mais je pense que Clément sera d’accord avec moi, le groupe qui nous influencera toujours reste KYUSS.
De plus, toujours dans le morceau « Bûche », un pan entier de la chanson se veut particulièrement psyche. Pour quelles raisons avez-vous opté pour cette idée ?
Julien : Avec Mika, on voulait faire un truc psyche, on voulait avoir un passage psyche, c’était vraiment notre envie. Clément nous a alors dit si on va dans cette direction alors il faut y aller à fond !
Dans nos compos, on a dû beaucoup trier pour arriver à cette invitation au voyage. On voulait cette perception de transcendance. On fait beaucoup de compositions, on voulait vraiment garder celles qui nous plaisent.
Quelles sont vos influences dans votre processus créatif ?
Julien : L’approche Greenleaf était vraiment importante je dirai pour nous.
Mika : Snail avant tout !
Julien et Mika : Clément a beaucoup apporté également dans le processus créatif. Nous n’étions que deux au début de l’aventure. Nous avons ensuite eu un bassiste qui aura été remplacé plus tard par Clément. Il apportait déjà des choses avant même d’être dans le groupe ! Ça paraissait donc logique que notre choix s’arrête sur lui.
Clément : Pour ma part, je dirai que ma principale source d’inspiration reste Monolord !
A quelques jours de la sortie de votre premier album, on peut se demander sur quelle scène vous voyez-vous ? Sur la scène Stoner, sur la scène Sludge ?
Comment définiriez-vous votre genre ?
Clystone : c’est un peu la même scène à vrai dire. Nous ne sommes pas dans la classification.
Pour se définir on pourrait dire que nous sommes entre Toner Low, Monolord, Dopethrone, Snail ou encore Dopelord.
Vous ouvrez l’année 2018 avec votre premier album ! Auriez-vous cependant un top album 2017 ?
Clément : En 2017, je pense que nous sommes tous d’accord sur le nouveau Elder ! Mais il y a eu également d’autres sorties intéressantes avec les dernières œuvres de Midnight Ghost Train, Sasquatch ou encore Hark.
Hark ce sont des bêtes autant sur album que sur scène et ça fait vraiment chier d’apprendre qu’ils n’existent plus !
Il y a aussi l’album de Moon Coven, qui ne date pas de 2017 mais que j’ai beaucoup aimé.
Julien : Je suis relativement d’accord, il y a aussi eu le dernier Kadavar !
Vous faîtes une release party le 17 février avec Mudriver et Ducktape ! Très beau plateau !
Avec qui vous rêveriez de tourner un jour ?
Clystone : Pillars et Mudriver. Ce sont des potes mais ils nous impressionnent.
Après si l’on devait choisir sur la scène internationale on dirait Dopethrone pour le kiff, ce sont des mecs en or, Greenleaf et Monolord.
Le batteur de Monolord a d’ailleurs travaillé avec nous sur l’album. Nous n’avons pas gardé son master au final mais nous sommes très reconnaissants envers lui.
Du coup Nico de Aanklacht nous a enregistré et s’est occupé du master.